Souvenirs - Archives Martinod 1ère partie

Vous me demandez comment était SEYNOD au début du siècle... J'avoue que je suis franchement incapable de vous raconter les débuts, étant né à VILLAZ en 1911, mes parents étaient fermiers à la ferme de VELLUZ qu'ils ont quittée en mars 1912 pour venir à la "Maison Rouge" à SEYNOD où ils y sont restés trois ans.

En 1915, -suite à un partage de la famille LAVOREL-, ils ont acheté la ferme de VERGLOZ.

De cette époque, mes souvenirs sont assez flous, toutefois je me rappelle du départ à la guerre de 1914 de mon frère François qui était le troisième de la famille. Il a été "porté disparu" dans les Vosges en 1914 et on ne l'a jamais revu.

Cette bâtisse appelée "Maison Rouge" n'existe plus, elle était située à l'arrière de l'actuelle Usine CHATENOUD. Pour y accéder il y avait, -depuis la Route Nationale 201-, une double rangée de platanes qui existent encore d'ailleurs.

Mon oncle Jean-Marie, le dernier des sept frères du grand-père, était lui fermier à BARRAL. Ce quartier a beaucoup changé, mais je crois me rappeler que c'était l'emplacement de l'actuel Centre Commercial. Cette ferme était magnifique, la cour intérieure était fermée des quatres côtés, au fond : face à face les écuries et au milieu un énorme bassin où les bêtes venaient s'abreuver. A l'entrée une grande remise où l'on mettait à l'abri les chars ainsi que les chars de blé lorsque l'orage arrivait.

Une chose également qui va vous étonner : l'avenue de Loverchy, de chaque côté, était bordée de tilleuls depuis la maison VACCARI jusqu'au cimétière, c'était très agréable pour la fraicheur l'été... A gauche, les champs de la ferme BARRAL, à droite la maison VACCARI avec un grand jardin entouré d'un mur assez haut, ensuite la VINAIGRERIE puis la laiterie MENU, plus loin, -après le passage à niveau-, BEAUQUIS : charbon, matériaux.

Comme proches voisins, il y avait bien sûr les MARTEL, puis les CHAPPUIS, Joseph était de mon âge et Madeleine. Après la guerre de 1914 sont arrivés Marcel et Lucienne. Le grand-père s'appelait Ferdinand et la grand-mère Clotilde.

Plus loin, au bord de la route, il y avait les MOLLIER : trois garçons Félix, François et Louis, quatre filles : Lydie, Marguerite, Léa et Alphonsine, la seule survivante aujourd'hui.

L'ECOLE -

J'ai fréquenté l'école communale une année avec M. BEL. C'est dans ce bâtiment d'ailleurs que nous nous réunissons chaque semaine avec le Club du 3ème âge, voyez je retourne aux sources !...

Le matin, avant l'école, Monsieur le Curé nous faisait le catéchisme.

Ensuite je suis allée aux CORDELIERS à ANNECY où j'ai commencé en 5ème, je n'ai fait qu'une année de secondaire. Ce dont je me souviens, surtout que l'hiver on brassait la neige pendant trois mois... Elle tombait vers le 15 décembre et ne repartait pas...

Heureusement nous étions plusieurs : les BIOLLEY qui habitaient CHATEAU VIEUX, les BETEMPS à MALAZ, les SORLIERS à la CESIERES, on faisait route ensemble : 5 kilomètres à pied matin et soir.

En général "les domestiques" étaient bien traités, chez mes parents, il n'y avait qu'une "bonne" qui était d'ailleurs comme de la famille, elle est partie lorsqu' elle s'est mariée et nous sommes toujours restés en bonne harmonie avec elle et son mari. Ils revenaient de temps en temps le dimanche nous rendre visite et étaient ravis de notre bon accueil.

Chez le voisin il y avait plusieurs "commis" ils étaient un peu les maîtres car les fils MARTEL étaient à la guerre. Joseph le père de Léon est revenu, Marius est mort, Francis le "vieux garçon" lui n'est pas parti, mais ne s'occupait pas de la ferme. Je me souviens du grand-père de Léon, mais son nom m'échappe.

Les pauvres, plus communément appelés "mollardiers" étaient toujours bien accueillis, -surtout quand ils étaient propres...- ce qui n'était pas toujours le cas ! Il y avait toujours un gros "topin" de soupe et de la paille à l'écurie l'hiver ou à la grange l'été, on leur donnait une couverture que l'on prenait le soin de bien nettoyer après leur passage... Ils donnaient "un coup de mains" pour les travaux saisonniers.

A cette époque, le travail se faisait manuellement, c'était dur et très pénible. Les seules ressources provenaient du lait et du blé.

On menait le lait matin et soir à la fruitière, là où il y avait la pesée, on pouvait prendre du beurre et du fromage, tout était noté sur un carnet qui servait à justifier la paie du lait en fin de mois. Le blé était donné au boulanger qui faisait faire la farine, en échange il livrait le pain, lui aussi tenait un carnet qui était régularisé en fin de mois.

Ma mère descendait à ANNECY en chars tous les mardis au marché pour vendre les légumes de son jardin et les oeufs.

Malgré l'esprit d'épargne qui existait à ce moment là, mes parents aimaient le progrès, aussi ils achetèrent en 1929 la première voiture de la commune, c'était une RENAULT MONASIX.

Mon père était fier d'avoir de belles bêtes, il a d'ailleurs remporté de nombreux prix dans les concours de race ABONDANCIERE.

L'ELECTRICITE est arrivée en 1924 ou 25, L'EAU en 1931, c'était déjà le commencement du progrès...